Cycle de conférences Géo-Gestes proposées par le Performance Lab

du 29 avril 2021 au 28 octobre 2021

D'avril à octobre 2021 avec des spécialistes en danse, géographie et performance
La manière dont nous menons nos recherches et dont nous récoltons les données concernant l’acte performatif fait émerger, chez les chercheurs en arts et en sciences sociales, des questions d’agentivité et de matérialité. Dans le cadre d’une performance in situ et d’une recherche de terrain, lorsque nous observons le lieu, non seulement en tant qu’endroit, mais aussi en tant qu’action, nous portons notre attention sur les variables relationnelles de l’échelle spatio-temporelle, de l’agentivité et de la politique. Dans le cadre du Performance Lab, nous nous intéressons à la façon dont la géographie et la danse in situ, font naître des questions de positionnalité incarnée et permettent d'appréhender le travail corporel ainsi que leurs qualités spatio-temporelles multi-sites.


Le cycle de conférences proposé par le Performance Lab explore la manière dont ces disciplines mettent en question le performatif, en plaçant et déplaçant de nouveaux contenus et cadres conceptuels de référence, dans les champs de la géographie, de la performance et de la chorégraphie. Les chorégraphes de même que les géographes s’intéressent aux façons dont les humains interagissent avec l’espace et le lieu, pourtant l’échelle spatio-temporelle est étrangère aux chorégraphes et le géographe ignore souvent la granularité de la kinesthésie.

Depuis les années 1990, les géographes identifient les interactions mondiales et locales comme des échelles spatio-temporelles relationnelles. Cette idée se fonde sur le profond changement dans la perception de la distance et de la proximité. De ce fait, la manière dont le lieu et le rôle du corps sont appréhendés et étudiés a profondément changé. D’une part, les relations incarnées sont désormais objet de recherche et d’autre part, l’agentivité corporelle du géographe doit être prise en compte.

Depuis le milieu des années 1990, les sciences de la danse se sont intéressées à la manière dont l’agentivité incarnée est éclairée par les connaissances kinesthésiques des chercheurs et ses conditions géographiques. Aujourd’hui, nous nous demandons : si nos corps portent et réinventent à la fois, les expériences kinesthésiques, alors en quoi la recherche en création apporte-t-elle un nouvel éclairage sur notre compréhension du corps multi-site ? Comment mener une réflexion quant à la façon dont les gestes corporels traversent les frontières physiques, temporelles et spatiales ? En quoi la relation performative avec le lieu met en question la façon dont le mouvement du corps est cartographié, matérialisé et, plus tard, décrit ?

Afin de répondre à ces questions, des spécialistes en danse, géographie et performance sont invités, au cours du cycle de conférences, à s’exprimer sur la manière dont leurs projets de recherche entremêlent la matérialité et la performativité dans leur apport théorique, méthodologique, dans leurs recherches de terrain ainsi que dans leur production scientifique universitaire

Programme des conférences "Géo-gestes"

> Jeudi 29 avril (EN VISIO) - La Performance Souterraine

Intervenante : Harriet Hawkins, co-directrice fondatrice du Centre for GeoHumanities au Royal Holloway de l’Université de Londres et directrice du Techne AHRC Doctoral Training Partnership
Harriet Hawkins est membre du groupe d’experts en Géographie et sciences de l’Environnement. Ses recherches portent sur le croisement entre géographie, art, créativité, esthétique et imagination. Elle se demande en quoi les pratiques créatives peuvent participer aux principaux débats contemporains - comme, par exemple, l’utilisation actuelle et future d’espaces souterrains et les combats pour la cause climatique. Son projet de recherche actuel, THINK DEEP, est financé par une subvention du Conseil européen de la recherche sur cinq ans.
 


> Jeudi 3 juin (EN VISIO) - Géopolitique chorégraphiée : La danse cambodgienne contemporaine et la politique de la nationalité

Intervenante : Amanda Rogers, professeure associée en géographie humaine et en géohumanités à l'université de Swansea, au Royaume-Uni
Amanda Rogers mène des recherches sur les géographies de la performance et des arts du spectacle, en particulier le théâtre et la danse. Ses travaux actuels se concentrent sur les cultures de performance post-conflit en Asie du Sud-Est et leur relation avec les politiques de nationalité. Elle s'intéresse particulièrement à la danse cambodgienne contemporaine et à la manière dont elle exprime l'histoire, la culture et l'identité, et dont elle y est intégrée. En 2020-2021, elle est titulaire d'une bourse de recherche Leverhulme Trust et d'une subvention principale AHRC GCRF sur ce sujet et rédige actuellement une monographie provisoirement intitulée Choreographing Cambodia. Les recherches antérieures d'Amanda Rogers se sont concentrées sur les connexions transnationales entre les théâtres américains d'origine asiatique, britanniques d'Asie de l'Est et d'Asie du Sud-Est, en examinant comment les politiques d'identité et de migration affectent la pratique créative. Ce travail a été publié sous forme de monographie en 2015 intitulée Performing Asian Transnationalisms: Theatre, identity and the geographies of performance. Elle a déjà été titulaire de bourses postdoctorales de l'ESRC et de la British Academy, ainsi que d'une bourse British Academy-ASEASUK-ECAF. Elle est actuellement secrétaire de recherche de l'Association of South East Asian Studies U.K. et siège au conseil d'administration de la Papertrail Theatre Company à Cardiff.
 

Programme du 3 juin à télécharger


> Jeudi 24 juin (EN VISIO) - Se transformer, créer, ou comment expérimenter son Autre... intimité ?

Intervenante : Christine Douxami, chercheuse en anthropologie de l'art à l'Institut des Mondes Africains (IMAF) et maîtresse de conférences à l’Université de Franche-Comté en arts de la scène, actuellement en délégation à l’IRD-Brésil
Christine Douxami a été formée à l'Institut d'Etudes Politiques de Grenoble avant de poursuivre avec un DEA et un doctorat à l'EHESS en anthropologie. Son travail, à la jonction entre théâtre et anthropologie, cherche à la lumière de ces deux disciplines et de sa pratique artistique en tant que performeuse et réalisatrice, à envisager les formes d'arts engagés liées aux questions de la négritude et du panafricanisme. Son terrain s'effectue particulièrement  en Afrique (Burkina Faso-Sénégal) et au Brésil au travers de différents festivals et diverses représentations scéniques tant dans des lieux officiellement dédiés à l'Art que dans la rue. Elle co-organise depuis 2006 un séminaire à l’EHESS qui porte notamment sur le thème de l'engagement artistique en Art sur le continent africain et dans ses diasporas. Elle travaille également sur les questions politiques et artistiques liées aux nominations des Patrimoines Immatériels au Brésil ainsi que sur les question de la transe. Elle a co-dirigé un long-métrage sur la troisième édition du Festival Mondial des Arts nègres de 2010 et s'est également penchée sur la participation du Brésil dans l'édition de 1966 et de 2010.

Programme du 24 juin à télécharger


> Jeudi 30 septembre (EN VISIO) - A Symphony Cascades Downwards: Research Creation and a Dramaturgy of Reopening

Intervenante : VK Preston, professeure adjointe au département d'histoire de l'Université Concordia et membre du corps professoral du programme de maîtrise en danse de l'Université des Arts de Philadelphie
Les recherches de VK Preston examinent les intersections de la danse et de l'histoire à travers des approches en historiographie et en recherche création. Elle est professeure adjointe d'histoire à Concordia et chercheure principale pour « New Directions in Seventeenth-Century Performance Research: Intangible Baroques » (SSHRC-IDG). Son travail est publié, entre autres, dans TDR, Theatre Journal, Imagined Theatres, Notes for the School for Temporary Liveness. Elle travaille comme dramaturge pour Practical Happiness, a Song and Other Niceties de Caroline Gravel et comme professeure affiliée au programme de maîtrise en danse de l'Université des Arts de Philadelphie. Son travail est issu de la pratique de la performance et a reçu récemment des prix pour des articles, notamment le prix Gertrude Lippincott 2018 de la Dance Studies Association et une mention honorable pour le prix Gerald Kahan Scholar 2021 de l'American Society for Theatre Research.
 


> Jeudi 28 octobre, Salle C5 Live Arts Lab - Le fait, la forme et le sens en danse : Winterbranch de Merce Cunningham

Intervenante : Carrie Noland, professeure de littérature française et comparée à l'Université de Californie, Irvine
Les recherches de Carrie Noland portent sur la poésie et la poétique modernistes, la phénoménologie, la danse, les études sur la performance et la théorie postcoloniale.  Elle a notamment publié : Migrations of Gesture (Minnesota, 2007), en coédition avec l'anthropologue Sally Ann Ness, Agency and Embodiment (Harvard UP, 2009), qui étend son travail sur la poétique textuelle au domaine de la poétique corporelle, ou l'acte de faire du sens avec le corps, et plus récemment After the Arbitrary : Merce Cunningham, Chance Operations, and The Human Situation on Stage.
A l'occasion de cette conférence, Carrie Noland explorera ce que Cunningham voulait dire par "les faits en danse" [the facts in dancing].  Elle s'est posé la question après avoir accompagné la récréation de Winterbranch (1964) en 2016 par l'Opéra de Lyon. Sa communication porte non seulement sur une étude approfondie des "Notes chorégraphiques" de Cunningham, mais aussi d'interviews avec les danseurs de 2016 et avec la cinéaste, Alla Kovgan, qui a ré-interpreté la danse pour son film Cunningham (2019).
 
A consulter, dans la revue Recherches en danse de l’association des Chercheurs en Danse, la traduction en français par Laura Fanouillet de l'introduction de son ouvrage Agentivité et incarnation : l’acte de faire, du geste à la culture [Agency & Embodiment: Performing Gestures/Producing Culture (Harvard University Press, 2009)] :
https://journals.openedition.org/danse/3880 (mis en ligne le 21 octobre 2021).
Publié le 22 octobre 2021